Je suis au Congo pour travailler
sur la gouvernance du système paramédical. Souvent mes interlocuteurs pensent
que je travaille sur les règlements et les lois, sur la mécanique officielle du
système. Mais, en fait, la gouvernance ce n’est pas cela.
La gouvernance repose sur une
attitude, dont la présence ou l’absence plus ou moins marquée peut être mesurée
objectivement chez des gestionnaires, dans des institutions, dans des réseaux,
bref dans des systèmes. Cette attitude de base est celle de l’ouverture, de la
transparence, laquelle est rendue possible car le gestionnaire, ou
l’institution, ou le système, travaillent pour les gens, pas pour eux-mêmes.
Bref, la gouvernance c’est la gestion du bien publique pour le bien publique,
la gestion de ce que nous mettons en commun pour que chacun en retire le
meilleur usage possible tout en pouvant influencer la manière dont tout cela se
fait.
Bien sûr, la gouvernance suppose
des règlements, des lois, des processus, des normes, mais elle est d’abord un
travail d’humains sur les humains. La sottise la plus répandue, et la plus
dommageable, est de gérer l’État pour l’État, le parti pour le parti, le
ministère pour le ministère, l’école pour l’école. Aucune de ces institutions
ne vaut un seul des humains qu’elle doit servir. Ce principe de base est
malheureusement très souvent oublié, ou méconnu. C’est pourquoi je ne manque
pas de travail.
Il existe un site intitulé
Portraits de Montréal (http://portraitsdemontreal.com/),
inspiré du blog Humans of New-York. Ce qui est merveilleux dans ce site, que je
vous suggère d’aller voir sans tarder, est qu’il nous ramène à l’essentiel; les
humains, toutes sortes d’humains. Vous n’y verrez ni photos du fleuve, ni
photos d’immeubles officiels, pas davantage de photos de célébrités, sauf si
elles passaient dans la rue, comme nous le faisons chaque jour. Car ce que nous
montre ce site c’est nous-mêmes, dans notre quotidien. Vous y voyez une multitude
de personnes, dans leur unicité mais, aussi, dans leur universalité. Cela vous
ramène à vous et à ce que vous faites de votre vie.
Dans Portraits de Montréal j’ai
trouvé les images et les entrevues de mes trois enfants. J’ai lu comme leurs
propos se recoupaient, ce qu’ils disaient d’eux-mêmes et de leur relation. Au
cours de ma vie j’ai écrit des livres, construit des maisons, planter des
arbres et fait des enfants; j’aurais donc réussi ma vie, selon une idée toute
faite qui circule mais que personne ne sait vraiment à qui attribuer. J’ai
aussi eu la chance de rencontrer des milliers de gens, un peu partout dans le
monde, dans des administrations ou dans des salles de cours; j’en ai peut-être
influencé quelques dizaines et j’ai peut-être changé, pour le mieux, le destin
de trois ou quatre. Mais, ce qui me touche et me parait essentiel, aujourd’hui,
c’est de voir que mes enfants sont beaux, instruits, responsables, têtus,
libres. Ils sont, en fait, de bons exemples de ce que devraient être les
citoyens d’un monde bien gouverné.
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