mardi 10 mars 2015

Portraits de Montréal, portraits du monde




Je suis au Congo pour travailler sur la gouvernance du système paramédical. Souvent mes interlocuteurs pensent que je travaille sur les règlements et les lois, sur la mécanique officielle du système. Mais, en fait, la gouvernance ce n’est pas cela.
La gouvernance repose sur une attitude, dont la présence ou l’absence plus ou moins marquée peut être mesurée objectivement chez des gestionnaires, dans des institutions, dans des réseaux, bref dans des systèmes. Cette attitude de base est celle de l’ouverture, de la transparence, laquelle est rendue possible car le gestionnaire, ou l’institution, ou le système, travaillent pour les gens, pas pour eux-mêmes. Bref, la gouvernance c’est la gestion du bien publique pour le bien publique, la gestion de ce que nous mettons en commun pour que chacun en retire le meilleur usage possible tout en pouvant influencer la manière dont tout cela se fait.
Bien sûr, la gouvernance suppose des règlements, des lois, des processus, des normes, mais elle est d’abord un travail d’humains sur les humains. La sottise la plus répandue, et la plus dommageable, est de gérer l’État pour l’État, le parti pour le parti, le ministère pour le ministère, l’école pour l’école. Aucune de ces institutions ne vaut un seul des humains qu’elle doit servir. Ce principe de base est malheureusement très souvent oublié, ou méconnu. C’est pourquoi je ne manque pas de travail.
Il existe un site intitulé Portraits de Montréal (http://portraitsdemontreal.com/), inspiré du blog Humans of New-York. Ce qui est merveilleux dans ce site, que je vous suggère d’aller voir sans tarder, est qu’il nous ramène à l’essentiel; les humains, toutes sortes d’humains. Vous n’y verrez ni photos du fleuve, ni photos d’immeubles officiels, pas davantage de photos de célébrités, sauf si elles passaient dans la rue, comme nous le faisons chaque jour. Car ce que nous montre ce site c’est nous-mêmes, dans notre quotidien. Vous y voyez une multitude de personnes, dans leur unicité mais, aussi, dans leur universalité. Cela vous ramène à vous et à ce que vous faites de votre vie.
Dans Portraits de Montréal j’ai trouvé les images et les entrevues de mes trois enfants. J’ai lu comme leurs propos se recoupaient, ce qu’ils disaient d’eux-mêmes et de leur relation. Au cours de ma vie j’ai écrit des livres, construit des maisons, planter des arbres et fait des enfants; j’aurais donc réussi ma vie, selon une idée toute faite qui circule mais que personne ne sait vraiment à qui attribuer. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des milliers de gens, un peu partout dans le monde, dans des administrations ou dans des salles de cours; j’en ai peut-être influencé quelques dizaines et j’ai peut-être changé, pour le mieux, le destin de trois ou quatre. Mais, ce qui me touche et me parait essentiel, aujourd’hui, c’est de voir que mes enfants sont beaux, instruits, responsables, têtus, libres. Ils sont, en fait, de bons exemples de ce que devraient être les citoyens d’un monde bien gouverné.

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