mercredi 25 février 2009

Le PQ et la Caisse de dépôt

Les résultats de la Caisse de dépôt nous sont enfin connus. La perte est de 40 milliard de dollars, 25% de la valeur de nos fonds. Cela donne à la Caisse un rendement inférieur à celui de beaucoup de gestionnaires de fonds, un rendement qui relève plus du certificat de dépôt garanti, celui dont le capital est protégé, que du placement en bourse. Bref, en déposant notre argent chez Desjardins ou chez ING Direct nous serions collectivement devenus plus riches que nous ne le sommes aujourd'hui. Mais là n'est pas le vrai sujet de mon texte.
La Caisse de dépôt est québécoise, elle est gérée par des québécois pour des québécois. Il y a quelques jours, en conseil central du PQ, Madame Marois nous expliquait qu'un Québec indépendant serait mieux à même de gérer ses affaires. Selon elle la solution aux difficultés économiques passe par la souveraineté et le plein contrôle de nos institutions.
Le fait d'être québécois ne nous rend pas infaillibles. Les résultats de la Caisse de dépôt en sont une triste preuve. Voilà un outil pour lequel nous avons le plein contrôle. Nous ne pouvons pas blâmer Ottawa ou le reste du Canada pour ce qui nous arrive.
L'argument économique, en faveur ou en défaveur de l'indépendance d'un pays, est un mauvais argument. Nous vivons maintenant dans une macro-économie et ce qui est un avantage une année peut devenir un désavantage dix ans après. L'idée de contrôler ses affaires semble bonne mais, dans les faits, aucun pays ne les contrôle totalement. La crise économique mondiale en est une démonstration à la fois difficile et complète. Bref, on ne choisit pas les frontières d'un pays comme on choisit un placement financier. On le fait sur des valeurs, sur de l'histoire, sur un projet.
Le PQ n'a plus de projet. Il parle encore de souveraineté mais sans que l'on soit encore capable de lui donner un sens. De son côté le Canada, aujourd'hui bien plus qu'il y a vingt ans, est un projet. Un projet un peu utopique d'ouverture et de partage. Mais un projet qui existe et qui peut se construire. C'est celui que je vous invite à choisir avec moi.

samedi 21 février 2009

LES LIBRES COLONIES...

Voilà plusieurs jours que je suis silencieux. Mon travail ici, en Haïti, m'a totalement occupé ces dernières semaines. Car, je suis toujours à agir, en votre nom à tous, dans le pays le plus pauvre des Amériques. C'est un choix que nous avons fait, depuis des décennies, d'être présents au monde. Nous ne sommes pas d'un pays qui se prétend neutre, nous ne sommes pas d'un pays belliqueux, nous sommes d'un pays qui se veut bienveillant.
Alors me voici ici, pensant à vous et m'ennuyant des miens, de ma région, de ma maison. Mais agissant, surtout, dans un pays qui ne connait plus la loi. Tout est plus long, plus difficile, plus dangereux. Je ne peux pas marcher, je ne peux pas sortir me promener. Pour travailler ici, pour avoir du papier dans mon imprimante ou du courant électrique dans mon ordinateur, je dois gérer des chauffeurs, employer des garçons de cour qui entretiennent des génératrices, prévoir mes déplacements pour qu'ils soient imprévisibles à ceux qui pourraient me vouloir comme cible. Bref, ce n'est pas l'Afghanistan mais c'est notre deuxième lieu de présence au monde et c'est un lieu prenant, un lieu difficile mais une présence indispensable.
Je vis dans un état qui n'est pas un état de droit. Je dois me méfier même des barrages de police, ne faire que ralentir là ou d'autres s'arrêtent, utiliser la plaque spéciale de mon véhicule pour franchir les obstacles mis en travers des citoyens ordinaires. J'utilise une carte d'identité de privilégié, laquelle demande aux représentants du gouvernement et aux forces de police de me prêter aide et assistance. Je vis dans un monde à part, où nous inventons un état de droit, pour remplacer celui qui n'existe pas. Et j'y fais vivre ceux qui travaillent avec moi, ceux qui viennent, comme le bibliothécaire du cégep ces derniers jours, intervenir avec nous auprès de nos partenaires nationaux.
Si je vous entretiens ainsi de l'absence de loi, de l'absence de droit, c'est que cela est devenu, depuis 1994, la chose qui me paraît la plus importante dans la vie humaine. La protection de l'individu, le monopole de la force dans les mains de la justice, sont les seuls garants que nous ayons inventés contre la tyrannie. Quand ils ne sont plus là, quand la puissance est entre les mains d'un dictateur ou qu'elle est prise par tous, nous nous retrouvons dans un monde étouffé ou demain n'est jamais assuré.
Je ne suis pas français. Je suis québécois, je suis canadien, je suis le résultat d'une culture métissée d'Amérique, de France et d'Angleterre. Je mange du pudding au sirop d'érable et cela résume mes racines multiples. La bataille des Plaines d'Abraham fait partie de mon histoire et le fait que les français l'aient perdu en fait partie aussi. Mais, je l'ai dit, je ne suis pas français. La bataille des Plaines n'est qu'un moment de mon histoire, de notre histoire. Notre résistance, nos appartenances, notre part dans la construction du Canada comme il existe aujourd'hui en font partie aussi. Alors, que l'on souligne l'événement historique des Plaines ne m'évoque pas une défaite. D'autant que, quand je regarde Haïti aujourd'hui, Haïti qui a gagné sa bataille autrefois et a fait son indépendance, ou la Martinique aujourd'hui, la Martinique qui est restée une colonie française, je ne suis pas certain qu'une défaite dans le passé soit toujours une défaite dans le présent. On ne refait pas le passé et nul ne peut dire que notre destin aurait été meilleur si Wolfe avait perdu.
Mais l'important n'est pas là. L'important est qu'autour du débat sur la commémoration de la bataille des Plaines, certains aient quitté le registre de la démocratie. La menace de violence, le discours disproportionné entre ce qui n'est qu'un événement public et ce qui devient une menace à la sécurité des personnes, voilà ce qui m'inquiète.
Le risque de perdre le droit d'être des citoyens qui marchent librement dans la rue est constant. Il suffit d'une bouffée de sottise, d'un courant de haine, pour que tout bascule beaucoup plus vite que l'on ne le croit. Je sais trop bien, maintenant, et je l'ai trop durement appris, que le germe de la division est partout. Nous devons constamment être vigilants et demeurer, curieusement, intransigeants à l'intransigeance.
Couper les vivres à un organe de presse qui a prôné la violence est insuffisant. S'en distancer est insuffisant. Il faut rappeler que la haine et la division ne sont que des sources de sang et de larmes. Je suis infiniment déçu de la réaction des indépendantistes qui se prétendent purs et durs et qui ne sont que durs. La distance qu'ils ont prise avec René Lévesque est finalement plus grande que celle qui m'en sépare; j'ai choisi la démocratie avant l'acharnement, la liberté et le droit de vivre avant la flamme nationaliste. Je suis québécois mais je ne nie pas l'histoire qui a fait de nous des canadiens. Je veux que mon peuple s'affirme, mais je veux qu'il le fasse sans haine, en harmonie et en fusion avec les autres.
Ensemble, nous pouvons y travailler. Ensemble, nous pouvons encore changer le monde.

lundi 2 février 2009

OBAMA-CANADA : L’OCCASION RATÉE

Obama est devenu président des États-Unis. Entre novembre et janvier il a eu, comme tout président élu, plusieurs semaines pour former son équipe et se préparer à occuper la maison blanche. Et ce temps là était le meilleur pour l’influencer.
Les démocrates défendent des valeurs sociales qui sont plus proches des nôtres; ils sont aussi bien plus tièdes à l’égard des guerres. Nous sommes donc nombreux à nous être réjouis de voir un démocrate l’emporter. Son appartenance à une minorité, encore aujourd’hui défavorisée, a en plus créé des résonances dans bien des âmes.
Mais on oublie facilement que les démocrates sont généralement isolationnistes. Le désir de se préoccuper de leurs concitoyens les a parfois amenés à négliger le reste du monde comme ce fut le cas au début de la seconde guerre mondiale. En cela aussi ils nous ressemblent. Et, de même que nous avons parfois tendance à prôner le protectionnisme commercial, ils ont tendance à l’appliquer.
Le gouvernement Harper n’a fait aucun effort pour joindre le président élu, Barak Obama. Il a laissé porter, aveuglé par son idéologie de droite et par sa soif de s’accrocher au pouvoir. Aujourd’hui les canadiens et les québécois en payent le prix; Obama met en place une barrière protectionniste contre notre acier et interroge l’Alena.
Le libre échange n’est pas parfait, nous le savons tous. Mais il est de loin préférable aux frontières fermées et aux petits marchés auxquels certains rêvent pourtant de nous réduire.
Aujourd’hui la grande majorité des québécois est convaincue que le gouvernement conservateur est une erreur. Son incapacité à agir en fonction du changement de pouvoir aux États-Unis en est une autre preuve. De notre côté, il nous reste à comprendre que, pour se débarrasser de Harper, il faut voter en s’impliquant sur la scène fédérale et non en s’isolant. Pour atteindre le monde la première étape n’est pas de reculer dans son jardin, aussi beau soit-il, mais d’avancer à la rencontre des autres.