jeudi 5 août 2010

La procréation assistée et gratuite

Les québécois vont donc dépenser 35 millions, selon les projections, pour donner un accès gratuit et non limités à trois méthodes de procréation assistée ; quelque soit votre situation, mariée ou non, hétérosexuelle ou homosexuelle, âgée de 20 ou de 60 ans, ayant des relations sexuelles ou n’en ayant pas, vous avez désormais droit de porter un enfant et de le faire au frais de tous les citoyens du Québec.
Je comprends que le fait de désirer un enfant et de ne pas pouvoir en avoir peut être vécu comme un drame. Mais encore faudrait-il déterminer pour qui ; ce que Québec a décidé c’est un accès illimité qui ne tient aucun compte de la réalité des personnes ; entre un couple qui tente d’avoir un enfant depuis quatre ans et une femme seule qui veut un enfant sans avoir de rapport sexuels, il me semble qu’il y a une différence assez fondamentale.
Pire encore, pour avoir droit à la procréation assistée gratuite il faudra simplement avoir droit à la carte d’assurance maladie du Québec ; attendons nous à recevoir des visiteuses d’un peu partout qui, pour le prix de quelques mois de loyer, deviendront mères grâce à nous. Et attendons nous donc à ce que les 35 millions soit très largement dépassé. Pour ma part je parie que nous atteindrons allégrement le 100 millions assez rapidement.
Oui, c’est un drame de ne pas pouvoir avoir d’enfant. Tous ne veulent pas adopter, certains sentent le besoin de vivre leur grossesse.
Mais n’est ce pas aussi un drame de ne pas voir ? Ou de ne pas avoir de dent ? Ou d’être en détresse psychologique ?
Si vous voulez voir correctement, au Québec, vous devez vous payer vos lunettes ou votre chirurgie ; l’enfant qui ne voit pas le tableau et dont les parents travaillent au salaire minimum ne vit pas de drame semble-t-il ou du moins pas un drame suffisant pour émouvoir les décideurs.
Si vous voulez mordre dans vos aliments, au Québec, vous devez vous payer vos traitements chez le dentiste ; celui qui a les dents cariées, ou une maladie des gencives sans avoir les moyens financiers de se faire traiter n’a qu’à souffrir et manger de la purée. Son drame n’en est pas un.
Si vous êtes déprimé, mal dans votre peau et que vous ayez besoin de consulter un psychologue vous devrez le faire à vos frais. La détresse psychologique, qui est reconnue comme la maladie la plus prévalente de nos jours, n’est pas un drame suffisant pour que Québec la prenne en charge.
Oui, ne pas pouvoir avoir d’enfant est un drame personnel. Mais il existe bien d’autres drames, plus courants et qui affectent plus de nos concitoyens. Pourquoi s’attaquer à celui-là ?
Parce que le lobby et les portes paroles sont plus actifs et célèbres ?
Bref, à partir de cette semaine au Québec, vous pouvez avoir accès à la procréation assistée et gratuite. Si, douze ans plus tard, votre enfant se casse la quatrième vertèbre cervicale et devient quadraplégique, sans que ce soit dans un accident de la route ou du travail, vous aurez l’occasion de découvrir qu’il existe d’autres drames où vous êtes bien peu accompagné. À moins que votre enfant ne soit simplement autiste ? Ou trisomique ?
J’avoue être un peu fâché ; avant d’aider des parents potentiels à avoir des enfants il me semblerait plus logiques d’aider les parents réels à élever leurs enfants.
Ne serait-ce qu’en offrant une école publique vraiment gratuite.