Depuis que Charlebois a écrit
cette chanson, je l’ai toujours en tête au moment du retour. Quel que soit
l’avion, quel que soit le point de départ, le point d’arrivée est finalement
Montréal, où je reviens. Et j’ai le sentiment de retrouver quelque chose
d’infiniment important, sans pouvoir le dire autrement qu’au travers les
aurores boréales, la clarté des ciels d’hiver ou le bruit de la rivière qui
traverse mes terres.
J’ai connu des retours mémorables,
après des évènements tragiques. J’ai connu davantage de retours rapides et
paisibles. Mais, quel qu’en soit la nature et les circonstances, ils m’ont tous
ému. Je me souviens encore d’un de ces vols de retour d’Haïti, dans les mois
qui ont suivis le tremblement de terre, où le pilote nous a signalé que nous
venions d’arriver en ciel canadien et nous a souhaité à tous un bon retour à la
maison. Je me souviens de ce retour du Laos, après plus de trente-six heures de
vol et de correspondance, où on m’a fait attendre pour le dernier vol, celui
entre Toronto et Montréal, alors que je n’en pouvais plus de fatigue et de
décalage horaire. Je me souviens de ce vol de rapatriement dans un Hercule de
l’armée canadienne avec le pilote qui nous dit, après l’atterrissage, « Merci
d’avoir volé avec les Forces armées du Canada» montrant par là qu’il y a des
militaires pinces sans rire.
Mais je suis devenu
superstitieux, ou réaliste. Tant que le retour n’est pas complété, tant que mes
deux pieds ne sont pas dans l’aérogare de Montréal, je n’en parle pas. Ainsi
j’écris ce texte au Congo, à Brazzaville. Mais je ne l’enverrai pas, je ne le
finirai pas, pas tant que je n’aurai pas regagné Montréal, puis Béthanie, tant
que je n’aurai pas retrouvé mes traces et mes repères. Bref, tant que je
n’aurai pas la certitude d’être revenu.
Je vais prendre des vacances, y
compris de l’écriture de ces courts papiers que j’envoie à la Voix de l’Est
depuis un an. Je recommencerai probablement à l’automne, si la rédaction veut
bien encore de moi, et sur un tout autre sujet. Ceci étant, ce qui est plus
certain encore, c’est qu’une fois mes pieds ancrés sur le sol de ma terre, une
fois que mes mains auront touché mes arbres et tâté les murs de ma maison, je
commencerai à me préparer à partir, encore et ailleurs. Ne serait-ce que pour
connaître à nouveau la joie du retour.
Mais là, tout de suite, je suis revenu à Montréal.
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